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Sur le marché de l’art, les bédéistes sortent de leur bulle
enavant123Date: Vendredi, 22.03.2019, 20:48:12 | Message # 1
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Les dessinateurs de BD, longtemps boudés par le milieu de l’art, commencent à être appréciés en tant qu’artistes. Surtout les plus connus, dont les dessins partent à prix d’or.

Au salon Drawing Now, qui se tient du 28 au 31 mars au Carreau du Temple, à Paris, une catégorie de dessinateurs sort du lot : les bédéistes. Plus précisément, ceux qui ont développé une œuvre parallèlement aux albums qui ont assuré leur notoriété. Soit une cinquantaine de créateurs, tout au plus, qui sont parvenus, non sans mal, à franchir le Rubicon séparant les mondes de la BD et de l’art contemporain.
Lire aussi Vasarely, un artiste majeur qui n’a pas la cote.

Leurs œuvres ne sont pas arrivées si facilement sur les cimaises des galeries. « Elles se sont souvent trouvées cantonnées dans des enseignes consacrées à la bande dessinée, mélangeant artistes mainstream et auteurs défrichant de nouveaux territoires, remarque Lucas Hureau, responsable de la maison d’édition MEL publisher. Le milieu de l’art contemporain ne veut pas les reconnaître, car ils ont l’étiquette “auteur de bande dessinée”, jugée stigmatisante et dévalorisante. »

« Depuis quelques années, le public a compris que la bande dessinée n’était pas uniquement destinée à un jeune public, mais aussi aux adultes. » Anne Barrault, galeriste

Toutefois, deux galeries parisiennes d’art contemporain dérogent à la règle. Présente au salon Drawing Now, Anne Barrault expose depuis quinze ans les dessins de Killofer, David B. et Jochen Gerner qui, s’il n’édite pas d’album, utilise la BD comme matière première de son travail. « J’ai voulu éviter deux pièges : exposer uniquement des planches, avec le risque que le visiteur se retrouve à lire un livre sur le mur, et présenter des expositions de cases agrandies au format tableau », précise la galeriste.
Elle l’admet, la première exposition baptisée « OuBaPo » en 2003 a défrisé ses collectionneurs habituels. « La plupart d’entre eux étaient étonnés, car ils ne s’intéressaient plus à la BD depuis leur enfance, se souvient-elle. Mais depuis quelques années, grâce à de belles expositions comme “Vraoum !” à la Maison rouge, le public a compris que la bande dessinée n’était pas uniquement destinée à un jeune public, mais aussi aux adultes. »

De son côté, la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois présente régulièrement depuis 2009 les dessins de Whinshluss, un créateur prolifique qui fut, notamment, coréalisateur avec Marjane Satrapi du film Persepolis (2007). Avec un beau succès : dès sa première exposition, ses dessins se sont vendus à 80 % à des collectionneurs d’art contemporain. Forte de ces bons résultats, la galerie Vallois exposera, à partir du 17 avril, Tomi Ungerer, le merveilleux illustrateur alsacien qui vient de s’éteindre.

Ces dessinateurs sont-ils si différents de leurs confrères montrés dans des galeries d’art contemporain ? Pas vraiment. « Pendant très longtemps, il y avait vraiment des styles et des codes, des contraintes qui créaient une différence très nette dans le dessin. Mais, depuis quelques années, cet aspect s’estompe, observe Marianne Le Métayer, directrice de la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois. D’ailleurs, on remarque un glissement sémantique, on parle dorénavant de roman graphique : même les cases et les bulles ne sont plus une obligation. »

« Cela n’est jamais une œuvre décorative faite pour meubler un mur, mais pour donner du sens et du rêve à une petite surface. » Lucas Hureau, directeur de MEL Publisher

En tentant de passer d’un milieu à un autre, ces dessinateurs ont conservé leur style et leur échelle, souvent de petit format. Et, surtout, ils ont gardé une particularité : leurs dessins sont narratifs. « Ils recherchent la force de l’image et du sens et veulent faire un condensé d’une histoire dans une œuvre. Ils ont pour but de dire beaucoup en une seule image fixe », précise Lucas Hureau. Et d’ajouter : « Leur dessin est souvent fourmillant. On y sent un plaisir de la ligne, du trait. Cela n’est jamais une œuvre décorative faite pour meubler un mur, mais pour donner du sens et du rêve à une petite surface. »
Emballement des cotes.

Quant aux prix, ils sont variables selon la notoriété des auteurs. Les grandes stars, comme Tardi, Druillet, Gotlib, Bilal, Moebius, valent cher. Un carton de Bilal pour la couverture de La Femme piège (Dargaud, 1986) s’est ainsi vendu 361 000 euros chez Artcurial en 2015. Depuis qu’il est rentré chez le puissant galeriste new-yorkais David Zwirner, Robert Crumb a vu sa cote changer du tout au tout. Sa couverture de Fritz The Cat a été adjugée pour 717 000 dollars en 2017 chez Heritage. Quant à Art Spiegelman, le père de Maus, il a aussi vu ses prix s’emballer : un dessin est proposé par la galerie Martel au salon Drawing Now pour 35 000 euros.

Quid des autres ? « Tout dépend du type de dessin. Si c’est un dessin de couverture, on reste dans la catégorie livre, et une couverture d’album ou de revue vaut entre cinq à dix fois le prix d’une planche, indique Lucas Hureau. Pour ce qui est des dessins personnels, les choses s’équilibrent. » Un dessin libre de Nicolas de Crécy peut valoir entre 4 000 euros et 25 000 euros, ceux de Winshluss s’échelonnent entre 1 000 euros et 50 000 euros.

Malgré de timides chevauchements, les marchés de la BD et du dessin de bédéiste restent toutefois distincts. Les jeunes acheteurs sont, selon Christine Phal, fondatrice et directrice de Drawing Now, « plutôt des acheteurs d’albums que de planches originales ».

Par Roxana Azimi Publié le 18 mars 2019 à 06h00
 
enavant123Date: Vendredi, 22.03.2019, 20:49:12 | Message # 2
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