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Exposition : Jack Kirby, incroyable faiseur d’icônes
enavant123Date: Samedi, 08.06.2019, 17:33:26 | Message # 1
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Article du Monde - Frédéric Potet

Le nom de Jack Kirby a longtemps été absent du générique des films produits par Marvel. Il n’était pas le seul dessinateur dans ce cas. La mainmise de la maison d’édition américaine sur les droits de propriété intellectuelle, au détriment des artistes qu’elle faisait travailler, a empêché ces derniers, pendant des décennies, de figurer à la fin de ses longs-métrages. L’oubli fut particulièrement fâcheux pour Jack Kirby, cocréateur d’un panthéon de super-héros aux noms familiers : Captain America, Thor, les Quatre Fantastiques, les Avengers, les X-Men, Black Panther, le Surfeur d’argent, Iron Man – Sans oublier l’Incroyable Hulk, dont l’énergie éruptive coïncide sans doute le mieux avec le dessin explosif du maître.

Faiseur d’icônes, Jack Kirby incarne tout à la fois la face la plus scintillante de l’industrie du comics book et son aspect le plus sombre, comme le donne à voir une rétrospective qui lui est consacrée à Cherbourg. D’un côté, le New-Yorkais, mort en 1994 à l’âge de 76 ans, reste à jamais le démiurge d’un soap opera épique, où vont et viennent des lignées d’êtres aux pouvoirs surnaturels, de monstres, de démons, de justiciers masqués, à la croisée de la science-fiction et de la mythologie. De l’autre, sa carrière longue de presque soixante ans a été jalonnée de déceptions, de revers commerciaux et d’allers-retours entre les deux géants du secteur (Marvel et DC Comics), en quête d’une plus grande liberté artistique, jamais vraiment assouvie.

Kirby aura tout connu, ou presque, de l’envers du décor. Il a vécu aux premières loges la désaffection du lectorat pour les super-héros, après-guerre, avant de devenir l’un des principaux acteurs de leur résurrection, aux côtés du scénariste Stan Lee, au tournant des années 1960. Il a fondé une maison d’édition alternative (qui fera rapidement faillite) avant de soutenir, bien des années plus tard, l’émergence des éditeurs indépendants. Il a dû brader son talent pendant une époque de vaches maigres, et accepter, à contre-cœur, d’épouser des chartes graphiques qui ne correspondaient pas à son coup de patte. Il s’est battu, enfin, pour récupérer des milliers d’originaux que Marvel avait gardés sous le coude à la faveur d’un contrat léonin. Ses ayant-droits ont, eux, menacé de recourir à la Cour suprême des Etats-Unis pour obtenir le copyright des séries qu’il créa pour le compte de l’entreprise, aujourd’hui propriété de Disney.

Dynamique musculeuse et visages expressifs

Témoins de cette histoire agitée, les 250 originaux exposés au Musée Thomas-Henry de Cherbourg – empruntés à des collectionneurs européens, dont l’expert et galeriste français Bernard Mahé – montrent en parallèle l’apport unique de Kirby à la bande dessinée américaine. De son vrai nom Jacob Kurtzberg, celui que Stan Lee surnommera le « King » du comic book se sentait trop à l’étroit dans les formats qui le virent débuter au milieu des années 1930, après des débuts professionnels dans le cinéma d’animation, où il travailla, entre autres, sur le personnage de Popeye, sorte de super-homme avant l’heure.

La dynamique musculeuse et les visages expressifs resteront sa facture. Kirby va dynamiter le genre en proposant aux lecteurs des doubles pages qui n’existaient pas jusque-là dans les fascicules. Il faut de la place pour son style spectaculaire et ses onomatopées géantes qui envahissent les cases au point de les faire voler en éclats. Aux côtés du scénariste et dessinateur Joe Simon, il rompt également, très tôt, avec le code narratif en vigueur qui confine toute action à la superficie d’une vignette. Sous son crayon, les bagarres vont s’étirer sur plusieurs cases, voire plusieurs planches, et ce dès Captain America, du nom de ce combattant patriotique revêtu d’une tunique aux couleurs de la bannière étoilée, créé en 1941, moins d’un an avant que les Etats-Unis ne rejoignent les Alliés sur le front de la seconde guerre mondiale. La couverture du premier numéro de la saga, montrant Hitler recevoir un méchant ramponneau de la part du héros, sera vendue à plus d’un demi-million d’exemplaires. Kirby devient l’une des premières stars du comics.

En mettre plein la vue, en donner pour son argent au lecteur : cette idée fixe participera également grandement à l’âge d’or des années 1960. Les originaux accrochés à Cherbourg – pas si loin de l’endroit où le dessinateur débarqua, en tant que soldat, au côté du général Patton, en 1944 – soulignent également une difficulté chronique chez l’artiste : son envie de passer à autre chose dès lors qu’il a créé une série. La plupart de ses personnages seront, de fait, repris par d’autres dessinateurs, peu de temps après leurs premières aventures. Ce qui obligera Kirby à remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier, en quête de nouveaux défis.

Le « Quatrième Monde », œuvre culte

Le plus audacieux est visible dans la Manche à travers un épisode complet de 48 planches : le Quatrième Monde. Lancée par DC Comics en 1970 alors que Kirby vient de claquer de nouveau la porte de Marvel, cette œuvre-phare fait s’interpénétrer quatre récits en mode canonique autour d’une même trame : le conflit, importé sur Terre, de deux planètes de Néo-Dieux. Trop ésotérique, sans doute, pour rallier un large public, la saga sera un four et sera stoppée avant son terme. A la demande de DC, Kirby se rabattra sur des productions plus commerciales, comme une série postapocalyptique inspirée de La Planète des singes, qui vient de faire un carton au cinéma.

En raison de sa rupture avec les normes existantes, le Quatrième Monde exercera néanmoins une influence majeure sur de nombreux créateurs par la suite. Il est acquis que George Lucas, le père de Star Wars, l’a lu dans son jeune âge. S’en réclament, plus ouvertement encore, toute la talentueuse génération d’auteurs de comics qui a suivi celle de Kirby – les Frank Miller, Alan Moore, Grant Morrison, Neil Gaiman, Chris Claremont. Affirmer, en revanche, que la série anticipe également l’avènement du roman graphique – dont la « naissance » correspond à la publication d’Un pacte avec Dieu, de Will Eisner (Delcourt), en 1978 – est sans doute un peu osé, tant Kirby souhaitait être reconnu dans le domaine qui a toujours été le sien, celui de l’art héroïque.

L’une des dernières pièces de l’exposition cherbourgeoise est un crayonné datant du milieu des années 1980. On y voit Superman balancer un uppercut dans le menton du super-vilain Zo-Mar. Un grand « Krak » accompagne le mouvement. On a mal pour la mâchoire du criminel kryptonien.
 
Adam_WarlockDate: Samedi, 08.06.2019, 23:25:31 | Message # 2
Contributeur Starlinien
Groupe: Team TCH
Messages: 3672
Statut: Offline
Merci pour le partage de cet article.

Je regrette pour ma part le manque de reconnaissance de la population pour cet auteur hors norme, qui a, à mon avis, plus contribué à l'explosion de Marvel que ne le fut Stan Lee. Ce dernier a surtout eu la chance de vivre jusqu'à maintenant (94 ans), pour que les néophytes spectateurs des films, s'imaginent que tout lui revient.

Kirby a toujours été en avance sur son temps :
Citation enavant123 ()
il rompt également, très tôt, avec le code narratif en vigueur qui confine toute action à la superficie d’une vignette
par exemple.
Son style ne vieillit pas, ça reste dynamique, vivant, spectaculaire, alors que les scénarios de Lee font un peu gnangnan (cf les histoires d'amour frustrantes de certains personnages Marvel. Exemple : Matt Murdock et Karen Page qui se tournent autour sans que rien ne se passe).

Je critique Urban, mais je les remercie d'avoir publié en intégralité Le Quatrième Monde et Kamandi. Il ne manque plus que The Demon.
 
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