Salut à tous, plutôt que de spammer le forum à chaque fois que je télécharge un des bijoux de travail qui sont postés ici quotidiennement, j’ai décidé de venir de temps à autre poster une critique plus ou moins longue en fonction de mon appréciation de ce que j’ai lui. Pas dit que je m’y tienne pour tout ce que je lis, mais je tacherai de prendre un peu de temps pour le faire particulièrement lors de lectures recommandables. Et la série qui suit se trouve être fort recommandable !
Alors oui, la série n’est pas toute récente. Publiée entre 2002 et 2006 aux US et 2004 à 2007 en France, d’abord par Semic puis par Panini, beaucoup ont déjà dû la lire. Mais pour ceux qui, comme moi, ont du retard dans leurs classiques, voici un petit rappel du sujet :
Après le reconstruction de Gotham post No Man’s Land, le commissaire Gordon se fait itrer dessus par un policier véreux. Ayant survécu de justesse, il décide de se retirer et de laisser sa place à une nouvelle garde. C’est l’histoire de ces policiers, répartis en binômes dans deux équipes, que l’on suit autant dans leur quotidien qu’au cours de leurs affaires où se mêlent le banal et l’extraordinaire.
Vous l’aurez compris en lisant le pitch, Gotham Central est une lecture bien différente de ce qu’on peut trouver la plupart du temps chez DC. Ici, par de combat titanesque pour sauver le monde d’une menace extraordinaire ni de costumes bariolés, juste le quotidien d’une unité de police devant œuvrer dans une ville où se baladent représentants de la pègre, super-vilains et le batman évidemment. Le parti pris de mettre sur le devant de la scène ceux qui sont constamment les figurants d’histoires plus classique de l’homme chauve-souris est audacieux. Sa réalisation est formidable !
Les scénaristes Ed Brubaker (Sleeper (que je n’ai pas encore lu mais que j’inscris d’office dans ma liste de rattrapage à faire), Daredevil ou Criminal) et Greg Rucka (Wonder Woman, Elektra ou No Man’s Land) maîtrisent parfaitement leur sujet et nous servent des histoires remarquables et ce pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, elles démontrent une parfaite compréhension du contexte dans lequel évoluent les personnages principaux. Comme se plaisent à le faire remarquer régulièrement les protagonistes, être flics à Gotham n’est comparable à rien d’autre. Les inspecteurs de l’unité des crimes majeurs ont pleinement conscience de la singularité de leur position et gèrent les difficultés qui composent leur quotidien du mieux qu’ils peuvent. Car comment réagir lorsqu’on peut tomber à n’importe quel moment sur un dingue équipé d’un canon à glace ? Que faire lorsqu’une enquête de routine vous mène à un super-détraqué ? Et comment prendre le fait que si les médias vous demandent de rendre des comptes pour tout ce qui se passe dans la vile, les vilains et les gentils masqués ne semblent même pas vous considérer comme des acteurs importants ?
Je précise au passage que, pour le moment, je n’ai lu que les deux premiers tomes (ceux de la superbe réédition Urban de 2014) mais les arcs qui y sont développés reprennent magnifiquement ces questionnements. A titre d’exemple ( et sans spoils) : dès le premier arc de présentation, l’un des inspecteurs perd la vie. Le reste de l’histoire nous montrera alors comment les inspecteurs en charge de l’enquête tenteront de retrouver et d’arrêter le meurtrier avant que la nuit ne tombe. Eh oui, car quand la nuit tombe, le batman intervient et cette fois les policiers mettent un point d’honneur à vouloir mener ça eux même. C’est donc un véritable compte-à-rebours qui s’instaure pendant que l’enquête se déroule, que les personnages se présentent à nous peu à peu et que les visions des uns et des autres nous soient petit à petit livrées.
Si dans cette histoire le rythme est particulièrement soutenu, les autres récits n’ont globalement pas à rougir en termes de qualité d’écriture. Il y aura ainsi toujours un intérêt particulier : ici le développement sur un des personnages en particulier, là une enquête savamment menée ou tout simplement le suivi et la découverte d’un nouveau binôme, car le duo de scénariste a la bonne idée de faire tourner les équipes que l’on suit.
Évidemment, on ne peut lire une histoire se déroulant à Gotham sans espérer qu’à un moment le costume du chevalier noir n’apparaisse. Et si Batman n’apparaît que très peu dans la saga, son ombre plane en revanche sur tous les récits racontés. Et quoi de plus normal après tout, c’est SA ville comme il aime lui-même à le rappeler. J'ai déjà sorti un exemple au-dessus mais les rapports qu’entretiennent les enquêteurs du GCPD et le célèbre encapé sont régulièrement mis en avant que ce soit aux travers des (nombreuses) allusions ou des fugaces apparitions du héros. Je ne résiste pas d'ailleurs à vous partager un montage d’un des meilleurs moments selon moi, illustrant intelligemment autant qu’efficacement comment une scène tout à fait banale peut finir dans un contexte gothamite :
Enfin, cette petite illustration me permet d’ailleurs d’aborder un autre des points forts de la série : ses dessins. Alors attention cependant, je me doute que beaucoup n’accrocheront pas. Vous pouvez le voir dans les illustrations choisies au-dessus, les traits sont très loin de ce qu’on a l’habitude de voir dans les récits mainstream. Michael Lark a un coup de crayon très old school, un peu brut aussi qui, servi par les couleurs volontairement ternes de Noelle Giddings, rendent un hommage appuyé aux polars hard-boiled et servent magistralement finalement les textes qui s’inscrivent également dans cette tendance. Néanmoins, le découpage des actions et les choix d’angle dénotent une grande compréhension de la narration et aide à installer un rythme de lecture agréable. C’est bien simple, on a parfois l’impression de regarder une série sur un écran plutôt que posée sur papier. Et si par la suite (sur les 2 premiers tomes du moins) on observe quelques remplacements sur le dessin ou la couleur, la charte graphique est respectée plutôt efficacement pour conserver une impression d’homogénéité dans le rendu (et merci pour ça, car je me remets toujours pas du remplacement de Gene Ha par Zander Cannon sur Top 10 par exemple).
En conclusion, je recommande à ceux qui ne l’ont pas encore fait de lire Gotham Central. Si vous aimez les bonnes enquêtes policières, vous attacher aux personnages et les univers graphiques qui sortent de l’ordinaire « grand-public », vous allez adorer. Sinon, je suis certain qu’en tant que simple fana du batou, vous trouverez également de quoi suivre la série avec intérêt : que ce soit le point de vue originale pour suivre une histoire se déroulant à Gotham City ou pour les multiples guests qui parsèmeront le quotidien de nos policiers de héros.
Je l’ai cité plus tôt pour d’autre raison, mais j’ai beaucoup pensé à Top10 en lisant Gotham Central. Les deux séries ont en commun de se reposer sur une base originale pour mieux nous surprendre avec des histoires qu’on pourrait avoir déjà lu des tas de fois. Si vous avez lu et aimé Top10, vous aimerez Gotham Central. Si vous n’avez pas lu Top10… Eh bien ça me rassure de savoir que je ne suis pas le seul à être à la bourre sur ses lectures de grands classiques.
Le message est modifié Kaez - Dimanche, 14.04.2019, 20:56:32
Hello Kaez ! Merci déjà pour cette présentation et surtout ce joli billet. Sur senscritique j'en entends beaucoup parler et certains éclaireurs m'en ont déjà parlé en bien. Terminer en parlant de Top10 en plus, ça interpelle ! Cette série me fait de plus en plus envie et je sens que je vais m'y mettre sous peu ! in brightest day and blackest night...
Comme Cap’ ca fait vraiment longtemps que j’en entend parler, tout le monde est unanyme donc je vais m’y attaquer. J’ai lu Top10 et j’avais vraiment apprecier (du grand Alan...), Lescomics.fr avaient fait le parallele en effet. Maintenant j’ai quand meme quelques apprehentions: les flics de Gotham sont-ils si interessant ? Est ce qu’ils font le poids face a cette ville de psychopathes ?
Et merci Kaez de faire vivre la section, qui plus est avec une presentation digne de ce nom.
Cette série me fait de plus en plus envie et je sens que je vais m'y mettre sous peu !
Fonce, c'est excellent
CitationDirsek ()
Maintenant j’ai quand meme quelques apprehentions: les flics de Gotham sont-ils si interessant ? Est ce qu’ils font le poids face a cette ville de psychopathes ?
Franchement, oui. Il faut pas prendre ça comme un spin off de Batman, mais vraiment un polar avec en toile de fond gotham et les vilains.
J'ai adoré toute la série. Rucka et Brubaker sont excellent (comme très souvent d'ailleurs)
Maintenant j’ai quand meme quelques apprehentions: les flics de Gotham sont-ils si interessant ? Est ce qu’ils font le poids face a cette ville de psychopathes ?
Franchement, oui. Il faut pas prendre ça comme un spin off de Batman, mais vraiment un polar avec en toile de fond gotham et les vilains.
C'est exactement ça. Les histoires en elles mêmes ne vendent pas du rêvesur le papier. Pour ma part, j'ai tout d'abord accroché à l'aspect enquête qui est vraiment immersif. Cette immersion vient autant des détails graphiques (les nombreux détails du décor, le fait qu'ils soient très réalistes mais aussi les choix variés des plans dans le commissariat et la ville, qui te donnent l'impression de vraiment y être quand tu vois une scène) que de l'attachement aux personnages. Les scénarios mettent en valeur leurs qualités mais aussi leurs défauts, on peut donc facilement se projeter sur un tel ou un autre. Et puis la première scène te pose direct les règles : être flic à Gotham, ça craint, c'est dangereux, tu peux crever n'importe quand (sauf Montoya qui a le totem d'immunité). Et mine de rien, avoir des héros que tu n'es pas certain de revoir dans le prochain chapitre, ça ajoute une petite tension supplémentaire que je n'avais plus eu en lisant un DC depuis... euh... non mais jamais en fait, c'est un exemple de merde...
C'est une de mes séries préférées. Le côté enquête est vraiment addictif. C'est finalement le genre de série que j'adore, comme Powers ou Top 10 par exemple. Tout est génial, le ton donné par le dessin et les intrigues. Le fait d'avoir un clin d'oeil à Batman de temps en temps ne gâche pas le plaisir, au contraire. J'ai l"impression de retrouver le côté Detective (Comics) mais sans (trop de) super héros.
Bon, suite aux premiers retours dithyrambiques faits après lecture des deux premiers tomes de chez Urban, je m’étais promis de revenir donner mon avis sur les deux derniers. Et ça va être beaucoup plus mitigé.
Les enquêtes et les personnages sont toujours intéressants à suivre, même si les histoires sont un peu inégales. Celle avec le vilain de Central City n’est pas terrible mais l’enquête se laisse lire. Celle sur Robin est correcte sans plus. Cependant l’enquête reste agréable à suivre et la relation tendue avec le batman est très bien rendue. Par contre la scène des titans est wtf au possible, avec une pointe de malaisance quand Starfire apparaît. Je connais pas le personnage, elle est censée avoir un pouvoir de séduction ? Parce que dans le cas contraire, faudra m’expliquer ce qui est passé par la tête du scénariste… Bref, c’est pas très important ça au pire.
Quoi de plus normal pour des inspecteurs que baver un peu du coin des lèvres quand rentre dans le commissariat une ado à moitié à oilp ?
Il y a un truc qui fait que je me suis acheté l’intégrale des Gotham Central il y a peu, et que je n’ai pas opté pour la version d’Urban malgré une esthétique bien plus soignée et une meilleure qualité d’édition : c’est ce foutage de gueule d’intégration de spin-off centré sur le lieutenant McKenzie, étalé sur 2 tomes pour bien prendre les acheteurs pour des pigeons. Très classe Urban. C’est comme s’ils avaient édité les Top 10 avec l’histoire « the forty-niners » calé entre le 1er et le 2e tome, histoire de faire déborder la fin de l’arc principal sur le 3e. Ça s’appelle forcer la vente, et c’est pas très très correct…
Vous me direz : « ça va, même si la technique commerciale est pas très subtile, c’est pas non plus exceptionnel dans l’édition. Ils s’assurent que tu reviennes pour le dernier livre, au lieu de sortir les histoires secondaires dans des tomes qui seront boudés par les clients. Et puis on t’ajoute du contenu exclusif, tu vas pas venir te plaindre ? »
Ben si je vais me plaindre. Et plutôt vivement même parce que c’est pas bon ce spin-off. C’est pas bon du tout et c’est long putain ! Parlons de ça déjà. Sur le tome 3 (sur lequel commence la parution de cette histoire) : 70 pages concernent l’histoire secondaire. Sur le tome 4, c’est 40 pages de plus . À ce compte-là, publiez un tome à part comme pour Top 10 justement. Personne ne l’aurait acheté parce que c’est de la merde mais ça n’aurait pas pourri le rythme de lecture de l’arc principal.
Et du coup venons-en à la qualité du truc. Vous vous souvenez de la subtilité des premiers épisodes que je louais plus haut ? Ces personnages nuancés, ces apparitions furtives de notre chauve-souris préférée, qui nous rappellent régulièrement le contexte dans lequel évoluent les héros au quotidien ? Mais aussi les difficultés à y faire face, les dilemmes moraux que cette situation provoquait inévitablement ? Et les dessins, un peu dur dans le trait ? Bon ben oubliez ça.
Ici nous suivons l’inspecteur McDonald qui, nous apprend-on d’entrée de jeu pour bien nous faire comprendre que la finesse c’est terminé, a un pouvoir. Bon, Gotham Central avait laissé planer le doute dès l’apparition du personnage, en semant quelques indices par-ci, par-là, sans toutefois expliciter la nature du pouvoir. On la voyait résoudre des trucs et trouver des machins de façon un peu random avec une explication évasive et une indication comme quoi le personnage cachait quelque chose. Subtil donc. Et puis, dans un monde rempli de types et nanas en collant qui se déguisent dès qu’ils font preuve d’une quelconque capacité un peu extra-ordinaire, ça reste crédible que des personnes puissent être doté de dons mais ne les utilisent que dans un cadre ordinaire. Et puis ça devrait permettre en plus une bonne réflexion puisque le personnage est soumis à une dualité intéressante : elle a un rapport direct avec un super-pouvoir, mais elle fait aussi partie d’une police qui est constamment dans un rapport ambigu avec ceux-ci… Un peu comme dans la série Powers de Bendis quoi.
Maintenant, voyons donc un peu ça : quel est donc ce fameux pouvoir qu’on nous tease jusqu’à l’histoire avec catwoman ? Eh bien l’inspecteur Josie Mac entend les objets lui parler ! Quels objets ? Ben ceux qui veulent en fait. En fonction du scénar quoi. Heureusement sinon ce serait invivable pour l’héroïne. Levez les yeux de votre écran, regardez autour de vous, et faites le décompte des voix que vous pourriez entendre si chaque objet pouvait causer. Maintenant imaginez ça dans un énorme bâtiment remplis de bureaux, disons un commissariat. Voilà, ce serait vite pénible.
Bon, par contre c’est un peu mal défini leur truc. Parce qu’un objet, c’est pas seulement une pièce d’un seul morceau, c’est un assemblage de plusieurs choses généralement hein. Genre, l’écran que vous avez sous les yeux, c’est un bon millier de pièces qui le composent. Exemple avec un flingue que l’héroïne entend de manière fort pratique : d’où le flingue ? Les balles à l’intérieur elles sont inanimées ? Et la poignée de porte qu’elle tenait à ce moment-là, elle pue de la gueule ? Elle entend une chaussette lui parler aussi à un moment : est-ce qu’on considère qu’une pelote de laine (objet) est tuée et éviscérée pour tricoter et faire naître une écharpe (nouvel objet) ? Ou bien c’est juste une évolution comme dans pokemon ? Et puisqu’on parle de naissance, ça se passe à quel moment ce truc ? En mode Pinocchio ou sur la chaîne de production d’une usine de manufacture ? Et puis paye ton manichéisme : le flingue sert à tuer et il est tenu par un méchant alors il sera lui-même méchant. La chaussette appartient à un gamin alors elle est toute gentille (en plus les chaussettes vont par deux alors ce sera des sœurs jumelles qui ne peuvent se passer l’une de l’autre, trop kawaï). Et alors comment ça se passe pour les vibromasseurs et les suppositoires, ces gros pervers ? Et puis VDM pour le rouleau de PQ et les kleenex s’ils sont eux aussi dotés d’une âme et d’émotions basées sur celles des humains non ?
Bref, c’est une belle grosse idée de con et il n’y a pas de suspension d’incrédulité qui tienne. C’est pas crédible du début à la fin et ce sera un « non » sans appel pour valider ce truc. Et puisqu’on y est, ce sera « non » aussi pour les dessins cartoons de Cliff Chiang qui piquent les yeux après ceux de Lark. C’est très loin d’être mauvais hein, attention. Simplement, j’ai évoqué, dans ma critique des premiers tomes, la violence de la transition entre les dessins de Gene Ha et ceux de Canon Zander sur Top 10. Là c’est du même acabit. Les deux styles auraient été bien trop différents pour faire partie du même univers graphique si ce n'était les couleurs de Loughridge qui est à nouveau de la partie.
Ça sera « non » aussi concernant la vision de la subtilité selon Judd Winick (l’auteur de cet arc et le créateur du perso de Josie Mac). Dans GC, il y a un passage où le Bat s’introduit dans l’appartement de Montoya pour lui parler. Quand celle-ci arrive chez elle, elle ne parvient pas à allumer la lumière et une voix sort de l’obscurité pour s’adresser à elle. Une fois la conversation terminée, le chevalier de la nuit disparaît mystérieusement et laisse le lieutenant constater que les ampoules de ses lampes avaient été dévissées. Vous retenez bien tout ça ? Ok. Même scène, auteur différent. Dans le spin-off (j’ai même plus le titre en tête), il y a un passage où le Bat s’introduit dans l’appartement de McDonald pour lui parler. Quand celle-ci arrive chez elle… elle tombe direct sur Batou qui l’attend dans le salon, les lumières allumées. Bon. Ils discutent, toussa, et avant de partir, voyant que la fonctionnaire est blessée à la main, Bat lui donne un… j’ai peine à l’écrire… un bat-pansement. Et là, je me contente pas d’ajouter un préfixe devant un nom commun pour faire genre. Il lui donne vraiment un bat-pansement :
Comment ça se passe du coup pour la production de ces trucs ? Bruce Wayne a une manufacture de bat-pansement pour ses besoins de super-héros ou il se contente de coller des petits stickers du logo batman sur des pansements qu’Alfred achète au supermarché ?
À la lecture de cette brillante idée, qui n’est pas sans rappeler les plus brillants apports à la mythologie batman, tel le bat-spray-anti-requin, j’ai eu à peu près la même réaction que le Nostalgia Critic devant une autre formidable idée d’accessoire : la bat-carte de crédit.
Putain les gars d’Urban, qu’est-ce qui vous a pris d’ajouter ce truc au milieu d’une saga comme Gotham Central ? C’est comme si au cinéma, on te coupait un visionnage de The Dark Night au bout d’une heure, pour te passer 30 minutes de Batman : The Movie avec Adam West, avant de finir le film de Nolan. D’accord, dans les livres tu peux passer les pages qui ne t’intéressent pas, mais vu la place que prend l’histoire de Winick sur les 2 derniers tomes, ça fait mal au cul de les payer pour n’en lire que la moitié.
Pour finir, juste un court mot sur la fin de la saga (sans spoilers). Au cours de la publication de la série, Lark puis Brubaker sont partis, laissant Rucka seul représentant des auteurs originaux sur le projet. Selon lui, DC était prêt à continuer la série, mais lui ne le souhaitait pas sans ses collaborateurs originaux. Eh ben la vache quoi ! L’arc qui nous est offert pour clôturer le run est mémorable et rehausse clairement le niveau après quelques histoires un peu moins bien écrites.
Cette fin est sûrement une des plus tristes que j’ai pu lire dans un run de série d’un des deux gros labels. La mort de l’inspecteur Allen, sans aucune justice rendue ni par les institutions, ni par vengeance personnelle d’un autre protagoniste, la démission de Montoya qui part sur la dernière case… Tout ça sonnant comme un constat sans appel, froid, réaliste : dans ce monde, les policiers, malgré tous leurs efforts, toute leur bonne volonté, ne servent qu’à faire illusion. Lorsque les choses tournent vraiment mal, ce sont les supers qui prennent le relais. Lorsque les médias veulent demander des comptes, ne pouvant s’adresser aux encapés, ils se tournent par défaut, et avec véhémence, vers les policiers qui ne peuvent s’esquiver à coup de grappin. Et pire encore, comme le montre le dernier arc, sur une enquête plus classique, sans intervention extérieure, c’est tout simplement la corruption ordinaire et les failles du système qui annihilent les efforts de rendre la justice. La police ne sert à rien si ce n’est à servir de chair à canon, de SAV des vrais héros et de figurants remplaçables. Difficile de revenir aux histoires classiques de DC sans y repenser après ça.
De souvenir, Rucka part avant Brubaker. Et j'ai beau adoré Brubaker, je trouvais Rucka plus efficace sur cette série. Ca a expliqué (enfin à mon sens) la petite baisse de niveau
Merci Kaez pour cette analyse détaillée et bien écrite, ça m'a vraiment donné envie de me replonger dans la lecture de Gotham Central que j'ai arrêté au début du tome 2 (édition Urban) et que j'ai revendu il y a peu. j'avais bien accroché mais ça va bientôt faire 2 ans que j'ai arrêté la lecture de la série et j'avais la flemme de tout reprendre à 0 sachant que je suis d'autres séries en ce moment. Si j'avais lu ta critique il y a quelques semaines, j'aurai peut être attendu avoir de revendre les 3 tomes que j'avais à ma disposition. Réduire la taille des images en utilisant le code suivant :
<img src="lien de l'image" width="largeur de l'image désirée">
De souvenir, Rucka part avant Brubaker. Et j'ai beau adoré Brubaker, je trouvais Rucka plus efficace sur cette série. Ca a expliqué (enfin à mon sens) la petite baisse de niveau
Non non, c'est Rucka qui bosse seul sur presque toute la seconde partie du run (sur les 17 dernières issues (sur 40 en tout), 2 seulement sont de Brubaker seul et 4 sont co-écrites par les deux).
Citationmossaab88 ()
Merci Kaez pour cette analyse détaillée et bien écrite, ça m'a vraiment donné envie de me replonger dans la lecture de Gotham Central que j'ai arrêté au début du tome 2 (édition Urban) et que j'ai revendu il y a peu. j'avais bien accroché mais ça va bientôt faire 2 ans que j'ai arrêté la lecture de la série et j'avais la flemme de tout reprendre à 0 sachant que je suis d'autres séries en ce moment. Si j'avais lu ta critique il y a quelques semaines, j'aurai peut être attendu avoir de revendre les 3 tomes que j'avais à ma disposition.
C'est vrai que j'ai oublié de te répondre sur le topic des achats récents sur la raison pour laquelle j'avais boycotté Urban sur cette série. J'ai détaillé une des raisons avec cette histoire de spin-off mais il y a une autre raison à mon choix : le prix. J'ai payé 12€ pour l'intégrale des GC chez Panini alors que c'est le prix d'un seul tome chez Urban. Et quand je vois la politique d'édition foutage de gueule du pendant comics de Dargaud sur ce titre, je préfère privilégier le prix et ne pas me sentir comme une vache à lait.
Ce qui est sympa avec cette série, c'est les deux équipes créatives qui bossent dessus (une qui bosse l'équipe de jour et l'autre l'équipe de nuit), ce qui nous donne parfois l'impression de suivre deux séries différentes.