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Unji Ito, maître incontesté de l’épouvante japonaise.
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enavant123 | Date: Mardi, 31.01.2023, 17:09:25 | Message # 1 |
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| Par Pauline Croquet
Rencontre Du 26 au 29 janvier, le Festival international de la bande dessinée consacre une exposition à l’auteur, maître incontesté de l’épouvante japonaise.
Son calme olympien et sa modestie tranchent avec son univers délirant et effrayant, peuplé de jeunes gens beaux et naïfs, de monstres extravagants, de spectres et de corps déformés. Junji Ito, 59 ans, s’est pourtant attelé à le façonner élégamment depuis le milieu des années 1980. Ses figures inédites et un dessin raffiné peu avares en encre noire, immédiatement reconnaissables, ont fait de lui un maître incontesté de l’horreur.
La discrétion de l’artiste ne s’est pas forgée sur le tard. « J’étais un adolescent plutôt sombre, l’antithèse des fêtards », se remémore auprès du Monde le mangaka, à la veille du Festival international de BD d’Angoulême, qui se tient du 26 au 29 janvier et dont il est l’un des invités de marque. D’aucuns lui prêtent volontiers une ressemblance avec certains de ses jeunes personnages masculins, souvent timides et en retrait. Comme le facétieux Soichi (Mangetsu, 2022), enfant blafard et dérangé, qui suçote des clous pour soi-disant lutter contre une anémie et passe son temps à tourmenter son entourage dans une série d’histoires courtes que l’auteur a égrainées tout au long de sa carrière :
« Soichi est un garçon négatif à l’esprit un peu tordu. On y retrouve un peu de moi. J’étais un enfant qui, à l’école, était sage, obéissant. Et puis, dès que je rentrais chez moi, mon côté tordu ressortait davantage. J’ai le souvenir d’avoir été assez farceur avec ma famille. »
C’est justement cette touche d’humour qui vient, dans ses nouvelles dessinées, sauver in extremis d’une ambiance glaçante. « Junji Ito est quelqu’un d’assez classique, peu dans la provocation même s’il dessine des choses terribles, analyse Virginie Nebbia, critique spécialiste du mangaka. Il est orfèvre d’une horreur accessible à un large public, cathartique, divertissante. » « Etrangeté de la mort »
Raconter de l’horreur était une évidence. Marqué très jeune par des films comme L’Exorciste, de William Friedkin (1973), ou Suspiria, de Dario Argento (1977), Ito n’échappe pas, depuis la province rurale de Gifu, où il grandit, au « boom de tout ce qui est lié aux sciences occultes, les ovnis, la télékinésie », issu de la culture pop américaine et très en vogue dans les années 1970 et 1980. Mais aussi à celui des toshi densetsu, légendes urbaines japonaises qui fleurissent dans les années 1980.
Néanmoins, ce que le mangaka invoque surtout, c’est « le choc visuel », vers 4-5 ans, quand il découvre son premier manga : Mîra sensei, une œuvre effrayante appartenant à sa sœur et signé de l’exubérant Kazuo Umezu, fondateur du manga d’horreur. Dans cette œuvre inédite en France, une terrifiante momie se fait passer pour une enseignante dans une école de bonnes sœurs. « J’avais été fortement marqué par le contraste entre cette momie vraiment grotesque et l’héroïne, une jeune fille très belle », se souvient Junji Ito.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la première histoire avec laquelle il se lance met en scène une superbe et magnétique jeune femme, Tomie Kawakami, sans doute son personnage le plus emblématique. Une lycéenne morte massacrée et démembrée, qui ne cesse de revenir à la vie et de se régénérer, ensorcelant les hommes jusqu’à la folie ou la mort et tourmentant les jeunes filles. « Quand j’étais au collège, un camarade de classe est mort dans un accident de voiture. Ça a été tellement soudain que je n’arrivais pas à comprendre qu’il était mort et je ne pouvais pas m’empêcher de me dire qu’il devait être encore vivant quelque part, confie l’auteur. C’est cette étrangeté de la mort que j’ai voulu exprimer à travers Tomie. »
Junji Ito ne se convainc pas tout de suite de faire du manga, comme certains de ses confrères, qui se lancent dès le lycée. Il entame d’abord une carrière d’assistant prothésiste dentaire « sur les conseils de sa tante » et en raison d’un « complexe » vis-à-vis de sa propre dentition, mais l’envie de dessiner lui « trotte de plus en plus dans la tête ».
Au milieu des années 1980, l’éditeur Asahi Sonorama, dont le nom est indissociable de la vague J-Horror dans l’Archipel, lance Gekkan Halloween, une nouvelle revue horrifique à destination des jeunes filles, principales consommatrices de ce registre au Japon. Le mensuel, qui accueille parmi ses signatures Kazuo Umezu, organise alors un concours pour recruter des talents. Avec l’ébauche de sa première histoire de Tomie, le jeune Ito rafle un prix et lance sa carrière. En quelques années, il deviendra à la bande dessinée nippone ce que The Ring ou Ju-On : The Grudge peuvent symboliser au cinéma pour le genre : une référence.
Hanté par ses personnages
Des nombreuses adolescentes qu’il va ébaucher, beaucoup ressemblent à Tomie. « Je n’avais pas de modèle particulier, assure le mangaka. J’ai essayé de la dessiner dans des proportions parfaites, qu’on aurait pu trouver dans un magazine de mode. Cette beauté standard admise par tous, ça renforçait le mystère de ce personnage. »
Son héroïne, qui lui sert à questionner la beauté comme la monstruosité, ne cesse de le hanter au cours de sa carrière. « Une des particularités de Junji Ito est qu’il écrit des nouvelles, chapitres indépendants étalés dans le temps, même si on les découvre en France sous forme de recueils, explique Anaïs Koechlin, sa traductrice pour les éditions Mangetsu. Il lui arrive donc de faire souvent revenir des personnages, même des années après, comme Soichi, mais aussi Fuchi, la mannequin monstrueuse, ou encore la famille Hikizuri. » « Je me suis attaché à eux et je n’ai pas envie de m’en séparer, complète M. Ito. Je n’ai pas eu trop d’occasions récentes de les dessiner, mais l’envie est là. Ils pourraient revenir. »
De ses études médicales, l’auteur a conservé une certaine méticulosité dans le dessin des corps qui se déforment, faisant de lui l’un des ambassadeurs du body horror, terme qu’il ne revendique pas. Naissent de son imagination des créatures et des concepts inédits, à l’image d’une femme à langue de limace ou d’un mourant qui, à force de garder derrière sa tête tous les crânes de ses aïeuls, finit par ressembler à une chenille. « Junji Ito prend des concepts simples et les pousse à l’extrême. Il travaille sans relâche à rendre crédibles des idées qui peuvent paraître ridicules. Et son dessin est aussi réaliste que le concept est impossible », analyse Virginie Nebbia.
Un « travail de l’obsession », selon Stéphane du Mesnildot, commissaire de l’exposition « Junji Ito, dans l’antre du délire », que le Festival d’Angoulême lui consacre. Et qui va le conduire « à s’éloigner de l’horreur sociale et domestique pour aborder des thèmes plus proches de la science-fiction », explorant une piste plus proche de H. P. Lovecraft, autre de ses influences majeures. En témoignent Gyo en 2001, Remina en 2004, et avant cela son chef-d’œuvre de 1998, Spirale, qui dépeint une bourgade en proie à une malédiction et obsédée par ce motif géométrique.
« Je commence à manquer de sujets, de matière pour dessiner de nouveaux mangas », regrette toutefois aujourd’hui Junji Ito. Une inquiétude qui l’a poussé à explorer de nouveaux recoins et mécanismes de la peur, mais pas au point de surmonter lui-même ses propres angoisses : « Je suis un peureux de nature. Toutes sortes de choses m’effraient ! »
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enavant123 | Date: Mardi, 31.01.2023, 17:11:55 | Message # 2 |
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| A lire au cas ou ... tiens tiens une nouvelle approche HP. Lovecraft, j'en connais un qui va adorer. Dommage, j'aurais bien vu son expo.
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gammo | Date: Mardi, 31.01.2023, 18:41:56 | Message # 3 |
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| Merci pour la lecture et l'info ! J'aime beaucoup les travaux d'Ito et notamment Uzumaki (Spirale) qui reste pour moi un des ses meilleurs mangas !
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Ozymandias45 | Date: Mardi, 31.01.2023, 21:25:13 | Message # 4 |
Momie qui débande
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| Je proposerai bientôt la version numérique de Spirale.
J'aime la façon dont, à partir d'une idée souvent fort simple, Junji Ito est capable de transformer tout notre quotidien.
Il a parfaitement compris les mécanismes de la peur, du fantastique, de l'horreur.
Je ne dirais pas qu'il existe une proximité avec l'oeuvre de H.P.L.- non, il faudrait plutôt aller voir du côté d'Edgar Allan Poe.
Il suffit, par exemple, de voir comment il raconte sa vie avec ses chats. Rien de plus banal, mais à partir d'une marque qui ressemble à une tête de mort, on s'enfonce dans la peur. Les visages, aussi, sont très expressifs.
J'ajouterai que le noir et blanc lui convient à merveille.
La Momie
Contemplez mon oeuvre, ô Puissants, et désespérez !
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zephilou | Date: Mardi, 31.01.2023, 21:32:20 | Message # 5 |
Héros galactique
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| Ultra dérangeant pour moi .. j'ai lu (en partie) 2 ou 3 tomes.. je sais plus lesquels (sur les conseils de la team aATAa ) un sur un homme chenille .. ouille.. Mais j'ai du mal ... a relire quand je serai prêt GRAND merci Enavant pour nous rappeler cet auteur
ps: il manque le J dans le titre
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MaskD | Date: Mardi, 31.01.2023, 23:06:12 | Message # 6 |
Asgardien
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| J'ai lu le premier tome des Chefs d’œuvre de Junji Ito et j'ai vraiment bien aimé ! Je ne suis pas fan d'horreur en général. En effet c'est simple, parfois (Souvent) malaisant.
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Fpa | Date: Mardi, 31.01.2023, 23:20:22 | Message # 7 |
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| Oui, c'est un mangaka de génie. Ses œuvres sont abyssales
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zephilou | Date: Mercredi, 01.02.2023, 22:01:24 | Message # 8 |
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| me suis trompé d'auteur : la chenille , c'est :
[Hentai] La Chenille (Suehiro Maruo) [aATAa-1650] Mais c bien dérangeant aussi
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gammo | Date: Jeudi, 02.02.2023, 09:19:00 | Message # 9 |
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| Citation zephilou ( ) Mais c bien dérangeant aussi Oui mais ici on est plus dans du guro ( comme avec l'excellent Shintarō Kago) qui est un genre beaucoup plus direct que le malaise graduelle des oeuvres d'Ito !
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Fpa | Date: Jeudi, 02.02.2023, 14:44:49 | Message # 10 |
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| Merci pour la chenille
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Wolfen | Date: Vendredi, 17.02.2023, 19:28:30 | Message # 11 |
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| Je lis et regarde beaucoup d’œuvres liées à l’horreur et l’épouvante. Et souvent ça tourne en rond. Mais j'ai commencé à lire les mangas de Junji Ito (Merci Ozy ) et en parallèle à regarder la série anime sur Netflix. Un seul mot : génial. Génial dans le sens où les idées de scénario que l'auteur développe sont hyper-originals. Je suis conquis.
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