J’ai découvert le Phantom Stranger dans un reboot de la justice league où il guide les justiciers à travers des mondes étranges. Si j’ai un souvenir très clair de ce premier rapport au personnage, il m’a été impossible de retrouver ce moment dans ma bibliothèque ou sur mon disque dur.
Lors de mon retour récent aux comics, après mon orgie d’Alan Moore, je me suis soudain rappelé de cette créature intrigante. Un passage par la présentation
de zozo m’a convaincu de me plonger un peu plus dans le personnage. Une visite dans les entrailles décousu d’internet m’apprit ainsi que le reboot général de DC en 2012 lui avait offert un arc personnel ainsi qu’une série avec Pandora et La Question dans
Trinity of sin.
Cette image résume tout ce qui m’attire chez le personnage. Une aura spectrale, un masque fait d’ombre qui lui recouvre le visage, un air indéchiffrable et une impression de puissance inqualifiable… et pour cause puisqu’il semble n’avoir d’autre limite que celle délégué de Dieu lui-même (excusez du peu), même pour l’athée que je suis, j’ai été soufflé.
Après des recherches sur internet, je n’ai pas trouvé –hélas- de traduction française par Vertigo, Urban ou Paninni du petit monstre de 22 épisodes. Donc direction le net et les scans pour me plonger dans la lecture d’une des œuvres les plus audacieuse que j’avais lu depuis longtemps.
L’origine story du personnage est ainsi redimensionné et l’on devine très vite que les scénaristes l’ont fait l’héritier d’un personnage historique célèbre. S’il n’est jamais nommé expressément, j’avais deviné au second numéro et j’en avais l’assurance au onzième.
On suit ainsi Stranger à travers diverses histoire, mais il semble ici poursuivi par la damnation de sa vie : être à l’origine des horreurs qui le tourmenteront toujours même s’il tente de faire le bien. Il est ainsi forcé à la trahison à plusieurs reprises, dupé par son arrogance et sa presque omniscience, faisant ainsi naitre l’emblématique spectre.
Ou aidant différents personnages emblématiques ravagés de colères et de choix moraux difficile qu’il aide à faire (on notera notamment un sublime affrontement face à Superman dans l’épisode 18
Ainsi que de nombreuses incursions de la justice league dark mené par Constantine (à ce sujet, je ne peux que conseiller la très bonne « Trench Coat Brigade » qui réunit Constantine, Stranger, docteur Occult et Mister E.).
C’est de fait un personnage étrange qui par son origine unique dans le monde des comics est propice à être un allié périphérique qui vient en aide à ceux dont le choix éthique est inhumain, et son histoire solo est donc fracturé de passage d’autres personnages dont il faudra lire les arcs (notamment plusieurs Justice Dark, un Batman et un Justice League de souvenir) pour vraiment comprendre les enjeux de son histoire.
La difficulté du scénario est évidente. Stranger est tout puissant, quasi-omniscient, capable de voyager dans des lieux inaccessibles aux mortels, capable de duper le diable, immortel… c’est l’incarnation de la dignité mais surtout l’écueil évident d’un personnage sans point faible qui ne peut être défait par la force brute.
De par sa nouvelle origine story, on voit ainsi Stranger être foncièrement humain et à l’instar de ce qui fait sa création, toute sa vie est émaillée de sa volonté de faire le bien et de faire face à des conséquences immense remettant en cause jusqu’au pouvoir de Dieu où l’intégrité de la création. C’est un personnage tragique, saisi par les scénaristes en tant que tel, Stranger est pétri de dignité parce qu’il a commis l’un des trois plus graves péchés originels (d’où le nom Trinity of sin, ils sont malins les scénaristes hein), et son histoire est celle de sa rédemption, on s’attache à lui étrangement alors qu’il provoque souvent sa mauvaise fortune par son orgueil, sa défiance ou son altruisme vicié. Pourtant ça reste un personnage absolument magnifique et bien trop rare dans les comics actuels, un véritable chef d’œuvre qui ravit les yeux et a le mérite de surprendre par l’audace de sa narration et des scénarios absolument bluffant. (Même si certains arcs du milieu sont un peu poussifs) les dessins sont eux somptueux et savent souvent magnifier les sentiments du personnage et son aura de puissance.
L’histoire achevé nous laisse avec un amer goût de trop peu dans la bouche, j’en aurais dégusté bien deux cents pages en plus. Mais c’est ce qui fait la saveur d’une œuvre réussie au final, alors j’ai vraiment apprécié cette lecture et j’attends sa traduction avec impatience, c’est un ouvrage de choix pour garnir ma bibliothèque déjà pleine à craquer.
J’espère vous avoir donner envie de découvrir le personnage et l’œuvre.