The Amazing Spider-Man #121 – Juin 1973 (Marvel Comics)

Contexte

En 1973, Marvel Comics ose briser l’un des tabous du genre super-héroïque : faire mourir de manière brutale un personnage principal, aimé et romantiquement lié au héros. Gwen Stacy, compagne de Peter Parker, meurt des mains du Bouffon Vert, marquant un tournant narratif dans les comics.

C’est un événement souvent cité comme la fin de l’Âge d’Argent des comics et l’entrée dans une période plus sombre, plus mature : l’Âge de Bronze.

Le pitch

Le Bouffon Vert (Norman Osborn) découvre l’identité secrète de Spider-Man. Pour se venger, il kidnappe Gwen Stacy et l’emmène au sommet du pont George Washington (nommé Brooklyn Bridge par erreur dans le comics).
Il la jette dans le vide. Spider-Man la rattrape in extremis avec sa toile… mais le coup du fouet brise probablement sa nuque.

Scène clé

“Snap.”
Une simple onomatopée silencieuse dans la case du bas, alors que Peter pense l’avoir sauvée.
Ce petit son marque la mort d’un amour… et d’une époque.

Conséquences

Peter Parker est traumatisé et se sent coupable de la mort de Gwen.
Le Bouffon Vert meurt peu après, empalé sur son propre planeur.

Cet événement définit Spider-Man pour les décennies suivantes, comme un héros marqué par la perte, à la manière de Batman.

La scène est régulièrement réinterprétée, notamment dans The Amazing Spider-Man 2 (film)

Pourquoi c’est culte

Gwen ne reviendra jamais vraiment (contrairement à la plupart des morts de comics).

Cela a montré que les super-héros ne peuvent pas tout sauver, même ceux qu’ils aiment.

L’impact émotionnel reste intact 50 ans plus tard.

Et vous ?

Était-ce un tournant nécessaire pour l’évolution de Spider-Man ?

Cette scène vous a-t-elle marqué aussi bien à la lecture que dans le visionnage du film ?

Contexte

Au début des années 1990, DC souhaite réinventer l’intérêt autour de Superman, souvent perçu comme trop “classique” par rapport à la concurrence plus edgy (Wolverine, Spawn…).

L’équipe créative décide alors de tuer l’Homme d’Acier, une décision éditoriale lourde, pensée comme temporaire, mais dont l’impact dépassera toutes les attentes.

Sorti en novembre 1992, Superman #75 devient un phénomène : rupture de stock, files d’attente en librairies, couverture noire avec le logo ensanglanté devenue iconique.

Le pitch

Un monstre inconnu appelé Doomsday s’échappe d’un laboratoire souterrain.
Il sème le chaos sur toute la côte est des États-Unis, affrontant la Justice League… jusqu’à ce que Superman soit le dernier rempart à Metropolis.
Dans une bataille acharnée, les deux colosses échangent coup pour coup jusqu’à une double mort, dans les bras de Lois Lane.

Éléments marquants

Une narration en temps réel : chaque numéro compte les coups, les pages, les respirations.

Le combat final est entièrement en splash pages, donnant un rythme lent et solennel.

La mort de Superman est filmée par les médias dans l’univers DC, ce qui amplifie l’émotion.

Conséquences

Des funérailles nationales dans Funeral for a Friend.

L’apparition de quatre prétendus héritiers dans Reign of the Supermen : Steel, Superboy, Cyborg Superman et The Eradicator.

Le retour de Superman avec un look sombre (costume noir, cheveux longs).

L’émergence de Cyborg Superman comme future menace majeure (Return of Superman, Sinestro Corps War…).

Pourquoi c’est culte

Un événement mondial : médias, talk-shows, journaux en parlaient comme si Superman était une vraie figure publique.

Premier comic à frapper aussi fort hors du cercle des lecteurs.

Il a influencé des récits futurs (comme La mort de Captain America ou Batman RIP).

Il a aussi contribué à la bulle spéculative du comics des années 90.

À sa sortie, Superman #75 a été couvert par CNN, USA Today, Le Monde, le New York Times, etc.
Les médias ont présenté l’événement comme la “mort d’un héros culturel”, provoquant un afflux de nouveaux acheteurs qui n’étaient pas des lecteurs réguliers.

Les lecteurs pensaient que ce numéro serait “le futur Action Comics #1” :
Beaucoup ont acheté plusieurs exemplaires pour les conserver sous blister.
Les versions spéciales (la fameuse “black bag” edition, emballée dans un sac noir avec goodies) se vendaient par caisses entières.

En quelques jours, des spéculateurs revendaient Superman #75 à plusieurs fois son prix de couverture.

Le marché secondaire (boutiques, conventions, journaux) a suivi, créant l’illusion d’un investissement rentable.

Le succès commercial immédiat a incité les éditeurs à répéter la formule :

Marvel : La mort de Captain Marvel, La mort de Wolverine, Spider-Man clone saga…
DC : Knightfall (Batman brisé par Bane), Zero Hour, etc.
Et toujours accompagnés de variants, éditions collector, couvertures métalliques, holographiques, etc.

Vers 1996, le marché sature : trop de “grands événements”, trop de tirages spéculatifs.

Les boutiques ferment, les valeurs s’effondrent, et beaucoup se retrouvent avec des comics “collector”… invendables.

Superman #75, très répandu, vaut aujourd’hui à peine plus que son prix d’origine.

Et vous ?

L’aviez-vous lu ?
Était-ce le bon choix ?
Quel “Superman de remplacement” vous a le plus marqué ?

Batman #426–429 – Décembre 1988 (DC Comics)

Contexte

Dans les années 1980, DC Comics décide de confronter Batman à une épreuve rare : la perte d’un sidekick.
Mais cette fois, l’éditeur laisse un choix inédit… aux lecteurs eux-mêmes.

Un vote par téléphone est organisé : Jason Todd, le second Robin, vivra ou mourra selon les appels du public.

Résultat : 5 343 voix contre sa survie, 5 271 pour. Un écart de 72 voix.
Jason Todd meurt dans les bras de Batman.

Le pitch

Jason Todd, impulsif et instable, part à la recherche de sa mère biologique.
Il tombe sur le Joker, en pleine vente d’armes au Moyen-Orient, qui découvre l’identité de Robin.
Le Joker le bat à mort avec un pied-de-biche… puis fait exploser le bâtiment où il est retenu.
Batman arrive trop tard.

Éléments marquants

Coup de téléphone : 0,50 $ l’appel. Une campagne publique orchestrée autour d’un dilemme moral.

Le Joker devient ambassadeur d’un État du Moyen-Orient… obtenant une immunité diplomatique, frustrant Batman.

Le traumatisme chez Batman est profond, posant les bases de son évolution vers un ton plus sombre.

Polémique et portée

Éthique éditoriale ? Laisser le public “tuer” un adolescent fictif a suscité un tollé à l’époque.

Jason Todd était impopulaire, considéré comme arrogant et peu attachant. Mais méritait-il la mort ?

Des rumeurs ont longtemps circulé qu’un lecteur obsessionnel aurait manipulé le vote avec un autodialer…

Conséquences à long terme

Jason Todd reste mort pendant 17 ans, avant de revenir en Red Hood (Under the Hood, 2005).

Sa mort est une plaie non refermée pour Bruce Wayne, souvent évoquée dans les récits suivants.

Elle marque aussi un changement de ton dans les comics Batman : plus adulte, plus torturé.

Pourquoi c’est culte

L’un des rares cas de choix narratif interactif dans l’histoire des comics.

Une mort qui aura défini Batman pour une génération.

Jason Todd, haï en tant que Robin, est devenu culte en tant que Red Hood.

Et vous ?

Auriez-vous appelé pour le sauver ?

Jason Todd devait-il mourir ou être réécrit

Avez-vous préféré Robin ou Red Hood ?

Uncanny X-Men #135–137 – 1980 (Marvel Comics)

Contexte

À la fin des années 1970, Chris Claremont et John Byrne façonnent une nouvelle ère pour les X-Men, jusque-là une série secondaire. Leur récit autour de Jean Grey, devenue l’entité cosmique Phénix, culmine en 1980 dans une tragédie qui change à jamais l’équipe.

Pour la première fois dans un comics mainstream, une super-héroïne choisit elle-même sa mort, plutôt que de risquer de nuire au monde.

Le pitch

Jean Grey, contaminée par le pouvoir cosmique du Phénix, sombre peu à peu dans la folie.
Après avoir détruit une planète entière et ses milliards d’habitants, elle attire l’attention de l’Empire Shi’ar, qui exige sa mort.

Les X-Men défendent Jean lors d’un duel judiciaire… mais lorsqu’elle sent le Phénix reprendre le dessus, Jean prend une décision radicale : elle se sacrifie sur la Lune pour sauver l’univers.

Éléments marquants

Un récit tragique et adulte, très éloigné du manichéisme des années 60–70.

Jean Grey, premier personnage féminin Marvel à être au centre d’une saga cosmique et dramatique.

Le dilemme moral : peut-on sauver quelqu’un qui est devenu un danger cosmique ?

Polémique éditoriale

Initialement, Claremont et Byrne voulaient que Jean perde ses pouvoirs et soit réhabilitée.

L’éditorial de Marvel (Jim Shooter) a imposé sa mort, jugeant inacceptable qu’un personnage reste impuni après un génocide.

Ce choix a rendu l’histoire beaucoup plus marquante et mémorable.

Conséquences à long terme

La mort de Jean restera un traumatisme pour les X-Men pendant plus de 15 ans.

Elle reviendra en 1986 (X-Factor #1), mais ce sacrifice est resté la référence ultime du personnage.

La saga a renforcé la réputation des X-Men comme série mature, dramatique et centrale chez Marvel.

Pourquoi c’est culte

Une tragédie grecque moderne au sein d’un comics de super-héros.

L’une des premières histoires Marvel où les héros échouent.

Elle a inspiré d’innombrables réécritures, adaptations animées, et deux fois au cinéma (X-Men: The Last Stand et Dark Phoenix).

Et vous ?

Jean Grey : héroïne tragique ou victime d’un éditorial rigide ?

La saga du Phénix Noir : chef-d’œuvre ou compromis forcé ?

La version ciné a-t-elle été à la hauteur, ou bien reste-t-il une adaptation à faire ?

En 1985, DC Comics décide de simplifier et réorganiser son univers, devenu trop complexe avec ses dizaines de Terres parallèles (Terre-1, Terre-2, Terre-X, etc.).

Pour ses 50 ans, l’éditeur lance un crossover monumental : Crisis on Infinite Earths, écrit par Marv Wolfman et dessiné par George Pérez.

L’idée : unir tout l’univers DC en un seul, cohérent et accessible aux nouveaux lecteurs.

Les grands événements du crossover

Apparition de l’Anti-Monitor, une entité destructrice venue de l’Anti-Matière, qui menace toutes les réalités.

Réunions de héros de toutes les époques et univers, du Golden Age au présent.

La mort de Supergirl (Crisis on Infinite Earths #7), dans une scène devenue iconique où elle se sacrifie face à l’Anti-Monitor.

La mort de Barry Allen (Flash), qui se désintègre dans la Speed Force pour sauver le multivers.

À la fin, les multiples Terres fusionnent : il ne reste qu’un seul univers DC, unifié mais profondément changé.

Impact durable

DC a totalement remodelé ses origines. Superman, Batman, Wonder Woman et les autres ont vu leurs histoires réécrites.

C’est devenu le modèle de tous les grands crossovers modernes, aussi bien chez DC que chez Marvel.

La disparition des Terres parallèles a marqué une génération… avant leur retour quelques années plus tard.

Crisis on Infinite Earths reste l’un des récits les plus ambitieux et dramatiques de l’histoire des comics, et a redéfini ce que pouvait être un crossover.